Le malheur de la princesse Sakura

Il était une fois un moine bouddhiste qui était amoureux d’une princesse. L’objet de cette affection, Sakura, une belle et jeune femme, qui avait été envoyée dans un monastère pour être ordonnée nonne à cause d’une difformité qui faisait qu’elle ne pouvait ouvrir la main droite. Cette dernière, par conséquent, restait dans un état de poing en permanence. Sa famille pensait qu’à cause de cela, elle ne pourrait jamais se marier. Le moine, Seigen, qui la surveillait lui expliqua comment elle pouvait ouvrir sa main, et à l’étonnement de tous, elle fut capable  de le faire pour la première fois, révélant une petite boîte d’encens qui était cachée dans sa main depuis la naissance.

 

Seigen fut le seul à ne pas être surpris, reconnaissant immédiatement l’élégante, et détaillée, petite boîte. Elle appartenait à son précédent amour, un jeune homme qui agonisa de la loi cruelle des genres qui empêchait les personnes de même sexe de se marier. Ce dernier commit le suicide et promis de revenir sous la forme d’une femme afin d’être apte à devenir une épouse pour Seigen. La princesse Sakura était en fait la nouvelle existence de cet amour.

Estampes par Tsukioka Yoshitoshi, 1839-1892

Un amour passionné dicté par le Karma allait donc pouvoir renaître sous peu. Mais contrairement à ce que l’histoire devait raconter. La réaction de Sakura devant Seigen, qui avait déjà un grand âge, fût tout aussi surprenante.

 

Dégoûtée par cette histoire, Sakura fuya le monastère, son karma, et Seigen, pour retrouver les bras de son amant, un voleur s’appelant Gonosuke. Seigen la pourchassa, mais il n’était pas de taille face à Gonosuke qui le tua rapidement avec son épée. Libre de faire ce qu’il désirait, le voyou fit un profit rapide en forçant la malheureuse princesse à se prostituer.

 

Mais les tourments pour Sakura ne s’arrêtèrent pas là. L’esprit de Seigen s’éleva comme un onryo, un esprit consumé par son désir de vengeance. Il n’y eut alors pour elle plus de nuit paisible, le soleil se couchant, l’esprit de Seigen s’élevait. « Tu es maudite ! » lui criait-il ! « Tu as trahit ton karma, trahit une promesse faite par celle que tu fus, trahit un amour qui a été commandé par le destin ».

 

Supportant l’affliction un temps, Sakura qui savait que c’était vrai, se décida à faire amende honorable de cela.  

 

D’abord, elle étouffa l’enfant qui dormait à côté d’elle, son propre enfant qu’elle avait eu de sa romance illégitime avec Gonosuke. Ensuite, elle s’échappa du bordel où elle était pour rejoindre la maison de Gonosuke. Une fois sur place elle plongea une épée dans le cœur de ce dernier, endormi, et à maintes reprises pour être sûre d’obtenir un résultat, l’approbation du fantôme de Seigen qui regardait la scène donna une conclusion positive à l’acte. Et finalement, elle referma la boîte dans sa main avec calme et retourna la lame contre elle-même.

 

Ceci fût dit :

Une bougie de plus, laissant une seule source de lumière. L’obscurité de la pièce épaissit par la tension, pendant que l’acier se retourne contre toi-même pour le conte final.

 

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