Le miroir de Matsuyama

Le miroir de Matsuyama. 

Dans des temps plus anciens, vivaient dans un lieu reculé du Japon, un homme et sa femme, qui avait été béni d’une petite fille, véritable idole de ses parents. Un jour, l’homme fut appelé à faire des affaires dans la distante capitale de Kyoto. Avant de partir, l’homme promit à sa fille que si elle se comportait bien avec sa mère, il lui ramènerait un cadeau d’une grande valeur. L’homme partit alors, sous le regard bienveillant des deux femmes de sa vie.

Après quelques semaines d’absence, il rentra finalement chez lui. Après que sa femme et sa fille l’accueillirent avec entrain, le délestant avec attention de son large chapeau et de ses sandales, il s’asseya sur le matelas blanc, qui trônait au milieu de la place à vivre et il ouvrit, alors, son panier de bambou, tout en surveillant avec attention l’attirude de sa bienaimée petite fille. De ce panier, il sortit une magnifique poupée, et une boite laqué remplit de gâteau qu’il donna à sa fille, irradiante de joie. Il fouilla une seconde fois dans son panier en osier et, cette fois-ci, il présenta à destination de sa femme un miroir en métal. La surface du miroir brillait, et son design, un arbre à pin et une grue étaient sculptées dans son dos, montrait bien qu’il s’agissait d’un produit de première qualité.

La femme du gentilhomme n’avait jamais vu un miroir avant celui là, et au plus elle le regardait au plus elle avait l’impression qu’une autre femme la regardait fixement. L’homme expliqua alors à la femme le principe du miroir, et lui demanda d’en prendre le plus grand soin.

Peu de temps après la distribution des cadeaux, la femme tomba gravement malade et juste avant de rendre l’âme, elle appela à son chevet sa petite fille et lui dit : « Cher enfant, Quand j’aurais quitté ce monde, prend soin de ton père. Tu me manqueras terriblement. Prend le miroir, quand tu te sentiras seule, regarde à l’intérieur et tu m’y verras ».  Peu après avoir prononcé ces mots, la dame laissa entendre son dernier souffle, obligeant sa fille au désespoir.

le miroir de Matsuyama, illustration par Warwick Goble, 1910
le miroir de Matsuyama, illustration par Warwick Goble, 1910

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que l’homme ne trouve une nouvelle femme qu’il épousa. Et cette belle-mère était bien des choses mais certainement pas douce et attentionné envers sa belle-fille. La petite fille, alors, se rappelant les mots de sa mère pris l’habitude de se cacher dans un coin avec le miroir, et le regardant, elle pouvait y voir le visage de sa mère. Pas le visage qu’elle montrait sur son lit de mort, mais celui de sa pimpante jeunesse.

Un jour la belle-mère surpris la jeune fille entrain de marmonner quelque chose dans son coin, à la main un objet, qu’elle ne pouvait pas distinguer et qu’elle cacha aussitôt lorsqu’elle aperçut qu’elle était surveillée. La femme, dans son ignorance, et dans sa détestation de l’enfant qui le lui rendait, il faut le dire, bien, pensa que la petite était en train d’exercer quelques sorcelleries à son égard. Peut-être même qu’elle plantait des aiguilles sur quelque chose qui la représentait. Pensant cela, elle alla aussitôt voir le père, son mari, pour lui expliquer que sa fille faisait tout ce qu’elle pouvait pour la tuer par sorcellerie.

Quand le maître de la maison entendit ce récit, il se précipita dans la chambre de la petite, la prenant par surprise, il s’aperçut qu’elle cachait quelque chose sous sa manche. Pour la première fois son si gentil papa était en colère, et il craignait qu’après tout, peut-être, ce que lui avait raconté sa femme fût vrai. Il lui demanda sa version des faits avec anxiété.

Quand sa fille eut finit d’écouter ce qui lui était reproché, et malgré ces accusations totalement injuste, elle expliqua à son père que comme depuis toujours elle l’aimait bien trop pour attenter à la vie de quelqu’un qui était cher à son cœur.

 « Qu’est-ce que tu as caché sous ta manche ? » rétorqua le père, à moitié convaincu et encore tout ému.

« Le miroir de Matsuyama que tu as offert à mère, et qu’elle m’a donné sur son lit de mort. Chaque fois que je regarde à l’intérieur, je vois le visage de ma chère mère, belle et jeune. Quand mon cœur souffre, et diable qu’il a souffert souvent récemment, je le prends avec moi, et le visage de mère, souriante, apaisé, compréhensif, m’apporte la paix et la lumière dont j’ai besoin pour traverser cette épreuve ».

L’homme comprit alors la fille qu’elle aimait tant et la chérissait encore plus pour sa piété filiale. Et même sa belle-mère quand elle sut ce qui s’était réellement passé se montra triste et honteuse, et demanda pardon à l’enfant. Et cette dernière pardonna. Et ainsi, les turbulences de ce foyer disparurent à jamais.

Source : F. Hadland Davis, Myths and Legends of Japan (London: George G. Harrap and Company, 1912), pp. 196-98.

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