Le Noren [暖簾] est un rideau fendu, souvent nommé le « rideau japonais » que l’on accroche quasi systématiquement à l’entrée des restaurants, afin de montrer le nom du lieu en gage de respectabilité, parfois à l’entrée des maisons avec le « mon » de la famille lorsqu’il s’agit d’une grande famille. Le majikirinoren est une forme de Noren qui sert aussi à séparer les espaces à l’intérieur de la maison.
Histoire.
Traditionnellement, les maisons japonaises utilisaient des nattes en paille – mushiro 筵 – pour se protéger de l’extérieur, qui était utilisé sur les shoji ( porte coulissante à la japonaise) pour se protéger de la lumière. Dans la langue, il est dit que le mot « noren » vient de « taremushi » qui désigne une moustiquaire.
Bien que l’on ignore avec exactitude leur apparition, on s’aperçoit dans l’étude de l’oeuvre sur les emakimono de la période Heian [794-1185], que des semi-noren en 3 parties apparaissent aux devantures des maisons, de la même manière que ceux de la période moderne. En ce temps cependant, le Noren était utilisé dans un but purement pratique, pour protéger les marchandises des commerçants, et son esthétique était aussi simpliste que possible.
Ce n’est qu’à la période d’Edo [1603-1868] que le Noren va devenir unique et servir à promouvoir l’établissement dès la devanture. Les fabricants vont alors s’adapter et transformer les Noren monocolore, d’alors, en véritable objet esthétique.
Matériaux.
Les Noren sont habituellement fait de coton et de lin. Dans certains cas, ils peuvent être fabriqué à partir de chanvre, plus résistant, on peut les appeler alors « naganoren ».
Utilisation.
Originellement, le Noren sert à protéger la maison du vent, de la poussière et de la pluie, et également à maintenir la chaleur dans la maison durant les jours de froids, comme à donner de l’ombre pendant les jours d’été.
En intérieur, phénomène moderne qui se développe, il sert à séparer des espaces sans les fermer hermétiquement. On le retrouvera souvent à l’intérieur des restaurants pour séparer la partie non ouverte au public, de celle ouverte ou public, ou à l’entrée de la pièce qui servira de toilettes.
En intime, il peut servir comme décoration, ou pour séparer avec esthétisme deux espaces. Par exemple un espace de rangement de la pièce principale.
Restaurant.
Situé à l’entrée, il sert à indiquer le nom du restaurant, ou le type d’établissement dans lequel l’on se trouve.
Bar.
Il est utilisé systématiquement dans les petits bars, nombreux au Japon, et petits restaurants, pour cacher les clients, sans cacher le restaurant.
Bains public.
Dans les bains publics le Noren est utilisé pour marquer la zone de bain d’un « ゆ » ou « 湯 » – qui se dit, lit « yu »- comme nous en parlions à propos du voyage de Chihiro. Son utilisation est dans ce cas précis, systématique.
Fenêtre.
Objet décoratif, il sert également à se protéger de l’extérieur sans s’enfermer hermétiquement.
Yoko Kano, la créatrice de Noren de la shôtengai, rue commerçante de Katsuyama.
Après avoir étudié le textile et son processus de création à l’université de design de Joshibi, Kano a décidé d’agrémenter la vieille brasserie de ses parents d’un Noren fait par elle même. Effet boule de neige, la curiosité a frappé les commerçants de la rue qui se sont mis à lui demander d’en fabriquer pour eux. Ce qu’elle s’est attelé à faire essayant de transporter la personalité de chacun à l’intérieur de la petite pièce de tissu. Ainsi la rue commerçante de Katsuyama est aujourd’hui connu à travers le Japon comme la rue des Noren, et les visiteurs ont droit à un petit guide du Noren, en anglais et en japonais.
Les Noren de Kano valent entre 300 & 400 euros pièce. Chose particulière, le gouvernement rembourse l’équivalent de 70€ pour les marchants qui souhaitent passer commande.
Elle a eu droit à une exposition de ses oeuvres sur la très prisé des amateurs d’art petite île de Naoshima en 2001, où elle a dû créer 14 Noren pour les tenanciers de l’île afin de présenter l’évolution du Noren.
Katsumi Sometomo Shobien, une des dernières fabrique de Kyoto.
Dans le très intéressant article en source, en anglais, du Japan Times, Katsumi Kanbayashi, le créateur de la fabrique nous parle de l’évolution récente du marché du Noren. Il explique qu’avec l’arrivée d’internet, la customisation a pris un véritable élan, et les tailles de Noren ont changé avec ce dernier. Il explique également qu’il reçoit des commandes de l’étranger, une maison de thé en France, un restaurant aux Etats-Unis, chose qu’il n’imaginait même pas en débutant son activité il y a plus de 50 ans. Le développement du marché des majikirinoren est également une nouvelle donnée à prendre en compte selon lui.
On y apprend également qu’un Noren, à destination d’un Ryokan, une auberge japonaise de type traditionnelle, coûte approximativement 4000€ et qu’elle requiert une maintenance tous les 3 ans environs.
En résumé :
Le Noren, est un textile d’extérieur qui sert traditionnellement à protéger la maison, le magasin, des caprices des éléments. Il est utilisé depuis la période Heian dans ce sens là. Kyoto est sa capitale de naissance à l’intérieur du Japon. Sous Edo, il se complexifie et sert à indiquer les magasins dans des designs originaux. Le développement du majikirinoren, utile en intérieur pour délimiter des espaces, s’intensifie dans la période moderne, donnant à l’objet une donnée esthétique prioritaire sur son utilité de base.
Source : Japan Times.