Le siècle des impératrices

A la fin du VIIe siècle et au cours du VIIIe siècle, des impératrices vont se succéder sur le trône. L’histoire célèbre du pays des WA et de sa reine Himiko montre que le Japon n’est pas fermé au pouvoir des femmes, et que par la grâce de déesse au-dessus des autres : Amaterasu, la féminité au pouvoir n’est pas un problème. Il le deviendra cependant après les frasques de l’impératrice Kôken.

L’impératrice Suiko sera la première impératrice régnante. En 592, elle accède au trône du chrysanthème. L’ersatz de Japon de l’époque est alors en proie à une guerre de pouvoir entre les deux grands clans qui se partagent le pouvoir : les Soga, et les Mononobe. Elle s’y maintiendra jusqu’à sa mort.

Impératrice Suiko
Impératrice Suiko par Tosa Mitsuyoshi, 1726.

 

Le pouvoir reviendra aux hommes jusqu’à ce que l’impératrice Jitô devienne le 41e empereur du Japon en 689, est officiellement intronisée à ce rang en 691. One notera qu’il aura fallut longtemps avant qu’une femme monte sur le trône des chrysanthèmes, mais la lignée des successions remontant à l’empereur Jinmu n’est pas vérifiable. Dans les temporalités vérifiables, il faut peu de temps au Japon d’alors pour mettre une femme sur le trône. 

Le siècle des impératrices

Jitô, Les impératrices du Japon, Illustration par Shinal

L’impératrice Jitô

Elle est la femme de l’empereur Tenmu, et la fille de l’empereur Tenji. Elle accède au pouvoir à la mort de son mari pour préparer l’accession de son petit fils, le futur empereur Monmu. Retiré en 697, elle exercera le rôle d’impératrice retirée, qu’elle débutera, et qui deviendra systématique à l’avenir, surtout à la fin de la période Heian où le pouvoir des Fujiwara à son apogée empêche l’empereur sur le trône de gouverner.

Remarquable car l’impératrice Jitô fait partie de l’anthologie « cent poèmes pour cent poètes », elle est également connue pour avoir mis en place un système de loi inspiré de ce qui était en cours sur le continent.

Le royaume des impératrices fait office au Japon du siècle de Nara. A cette époque, les femmes élevées à la dignité impériale sont nombreuses. Il existe deux cas de figure, celui où elle se retrouve impératrice à la mort de l’empereur, et en l’absence d’héritier mâle. Mais le cas où il s’agit d’impératrice célibataire n’est pas rare.

Genmei

Genmei débute ce pouvoir impérial féminin, elle règne de 707 à 715 et à son abdication, elle pousse pour que le trône revienne à sa fille Genshô qui régnera de 715 à 724.

Genshô

Genshô est la sœur de l’empereur Monmu, elle est une femme célibataire de 36 ans. Le prince héritier Obito, que poussent les Fujiwara sur le trône est le fils de Monmu et d’une courtisane Miyako. Par sa double ascendance impériale, Genshô obtient le titre, et prendra son neveu sous son aile, comme Amaterasu l’a fait avec Ninigi, évitant ainsi à ce petit de devenir un pantin sous les doigts habiles du puissant clan Fujiwara.

Un peu plus tard, la seule impératrice désignée de l’histoire du Japon prendra le rôle de l’impératrice Kôken en 749.  Elle est alors âgée de 31 ans. C’est également la première fois que l’impératrice n’est pas de double ascendance impériale, puisqu’elle est une Fujiwara par sa mère, ce qui renforce encore un peu plus le pouvoir et le prestige de ce clan puissant, 3 siècles avant qu’il n’atteigne son apogée.

C’est un grand bouleversement dans la structure impériale de l’époque. Non qu’une femme soit à la tête de l’Empire, mais qu’un empereur ne soit pas d’ascendance impériale patri- et matri- linéairement. Peu importe son sexe. Mais c’est le pouvoir de Kôken et ses choix politiques qui vont mettre un terme à l’accession d’une femme au trône impériale.

Kôken, Les impératrices du Japon, Illustration par Shinal

L’impératrice Kôken, fervente bouddhiste.

Kôken monte sur le trône en 749 lorsque son père abdique en sa faveur, mais, dans les faits, ce dernier continue à contrôler le gouvernement. Durant son règne, elle a notamment ordonné la construction du Daibutsu du Tōdai-ji. En 758, elle cède le trône à un cousin, le prince Ôi, fils du prince Toneri (lui-même fils de l’empereur Temmu), qui devient l’empereur Junnin, et elle devient religieuse, sous le nom de Takano Tennô.

 

En 761, le moine bouddhiste Dôkyô la guérit et acquiert sur elle une grande influence, il manœuvre pour la faire remonter sur le trône, et, en 764, elle dépose Junnin et remonte sur le trône sous le nom de Shôtoku, sans renoncer à ses vœux bouddhistes, ce qui crée un précédent. Contre l’avis de ses ministres, elle donne à Dôkyô le titre de daijō daijin zenji, puis de hô-ô, ce qui fait de lui l’héritier du trône. Shôtoku règne jusqu’à sa mort, due à la variole en 770. À cause de l’influence que Dôkyô avait eue sur Shōtoku, les ministres déclarent alors les femmes inaptes à régner et décident qu’il ne pourrait plus dorénavant y avoir d’impératrice régnante. L’influence des moines de Nara ne cessant cependant de croître, l’empereur Kanmu décide en 784 de déplacer la capitale. C’est la naissance de Heian, qui deviendra Kyoto, et qui restera la capitale impériale jusqu’à 1868. Date où Edo devient Tôkyo, 東京,  « la capitale de l’Est ».

La naissance du système de succession patri-linéaire.

Cette évolution va entraîner une autre évolution dans la société aristocratique japonaise. La naissance de la patri-linéarité. C’est à partir de cette époque que l’aristocratie et la position va se transmettre uniquement par le père. Et en l’absence d’héritier mâle, le père procédera à l’adoption. Souvent, son neveu, ou son gendre qui portera alors son nom. Il arrive même que le fils de sa femme qu’elle aurait eut d’une première couche soit adopté pour remplir la fonction. Ce n’est pas un cas rare.

Le Japon de cette époque n’est pas à cheval, ni sur le mariage, ni sur le divorce. On considère que si le mari quitte le village au-delà de trois mois, sa femme est libre de se considérer « libre ».

61 successions plus tard

Il faudra attendre 1629 pour voir une nouvelle impératrice à la tête du Japon, en la personne de l’impératrice Meishô, mais alors âgée de 5 ans, son règne se poursuivra jusqu’à son abdication à l’âge de 20 ans en faveur de son cousin. Fille de Tokugawa Masako, elle même fille du Shôgun et de l’empereur Go-Mizunoo, elle représentait le meilleur partie pour devenir impératrice sous la tutelle de ses ascendances.

La dernière impératrice du Japon en revanche, a détenu le pouvoir réel de l’empereur de l’époque, tout minimisé qu’il l’était par le pouvoir du shogunat Tokugawa qui l’écrasait. Go-Sakuramachi monte sur le trône des chrysanthèmes à l’âge de 22 ans, en 1762, à la mort de son frère, elle gardera sa place pendant 9 ans, avant d’abdiquer au profit de son neveu. Dernière descendante en vie de l’empereur Nakamikado. Elle poursuit sa mission. Le jeune empereur décède, elle parvient sur son lit de mort à lui faire adopter un fils. Kôtaku devient empereur, et Go-sakuramachi, sa tutrice.

Elle est le 117e empereur dans l’ordre de succession depuis Jinmu, et la dernière femme impératrice régnante.

L’actuel empereur du Japon est le 126e empereur du Japon dans la succession supposée depuis l’empereur Jinmu et il se discute en ce moment à la diète de la possibilité de permettre l’accession au rôle d’empereur indifféremment à une femme ou à un homme. 

Source : wikipedia

« l’histoire du Japon, des origines à nos jours », Hermann éditeurs, sous la direction de Francine Hérail, 2009
«Nouvelle histoire du Japon », éditions Perrin, Pierre-François Souyri, 2011.

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