Nom relativement peu connu en France, Yoshiharu Tsuge est pourtant un mangaka illustre au Japon qui avait été célébré au festival d’Angoulême de 2015. C’est l’histoire d’un illustrateur dépressif qui inventera de nouveaux styles dans le manga et qui aura une production très active à la fin des années 60 avant de petit à petit se désintéresser aux choses du monde et de vivre comme un quasi-reclu. Il met un terme à sa production en 1987.
Il inventera :
le watakushi manga, manga à la première personne sans histoire qui vise à cerner les émotions du moment. Très ancien dans la littérature japonaise, et déroutant pour les non initiés, il va à l’encontre de l’histoire mise en place par Tezuka pour créer des manga où les personnages sont des quasi « errant » vivant sans but.
L’intérêt du décor, c’est lui qui place le décor comme un élément central des cases.
Le rêve, la retranscription de rêves et d’illusions en manga sont également de son fait.
Il a jouit d’un succès public à partir de son expertise dans le magazine Garo mais bien plus encore d’un succès critique auprès de ses pairs. Il est considéré comme un « tensai », un génie.
Biographie :
Il crée son premier « gekiga » à l’âge de 18 ans. Alors âgé d’une vingtaine d’année, endetté, sa petite amie le quitte, il tente de suicider mais échoue. Il est rattrapé par une déclamation apparût dans le jeune magazine « Garo » de Nagai qui écrit : »Yoshiharu Tsuge – s’il vous plaît, contactez-nous ».
C’est en publiant dans ce magazine alternatif qu’il connaîtra le succès. Succès publique mais également succès critique. Il est salué par ses pairs qui prendront sa suite mais malgré le succès, son insécurité le même à devenir pour un temps l’assistant de Shigeru Mizuki, père de GeGeGe no Kitarô, oeuvre très présente dans la description contemporaine des Yokai. Il se reprend en main, et produit pour le magazine jusqu’en 1972. Original, il ne supporte pas la nouvelle donne de l’industrie du manga où les éditeurs prennent le pas sur l’art, et il se retire petit à petit de la scène avant de se marier à une artiste contemporaine. Sa dernière publication date de 1987 mais sa production entre 1972 et cette dâte est minime. Il reste très connu au Japon pour être « en marge de la société » vivant avec son fils dans un petit appartement sur les bords de la rivière Tama. Il est souvent vu comme un Hikikomori.
Oeuvres traduites :
L’homme sans talent [ munô no hito – 無能の人] qui a obtenu le prix du meilleur album au festival d’angoulême de 2005, après avoir été traduit l’année précédente, est l’oeuvre qui a fait connaître Yoshiharu Tsuge au grand public en France. L’oeuvre décrit la vie quotidienne d’un qui vit de petits boulots, qui vend des cailloux, ou répare des appareils photos et qui ne trouve nulle part l’énergie de reprendre son travail de mangaka qui lui avait pourtant valu d’obtenir un succès d’estime.
Au travers de cette oeuvre, il développe le watakushi manga, un manga autobiographique qui ne vise plus une narration à la manière de Tezuka mais focus sur les sentiments du personnage. [ note pour les japonisants : watakushi -私- est la forme ancienne – et maintenant la forme polie – de watashi -私- « je »]. Ce genre de narration est très présent dans le roman japonais, un peu désarçonnant pour ceux qui ont l’habitude de l’histoire à l’occidentale, puisqu’il laisse le sentiment que le roman n’est pas finit alors que son propos n’était pas l’histoire.
En 1991, le manga devient un film. [lien imdb]
En 1997, un drama « l’homme sans talent » est diffusé.
Compilation
Les oeuvres publiés dans le magazine Garo ont été compilées en France par les édition Cornélius.
- Livre I – le marais ( oeuvres de 1965-1966), traduction Léopold Dahan), éditions Cornélius, 2020
- Livre II – les fleurs rouges ( oeuvres de 1967-1968), traduction Léopold Dahan), éditions Cornélius, 2019
- Livre III – le vis ( oeuvres de 1968-1972), traduction Léopold Dahan), éditions Cornélius, 2019
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