Les pierres et le Japon.
Le shintoïsme, religion endémique du Japon, se caractérise par l’accent mis sur le monde naturel, le besoin de purification et les efforts pour unir les gens à leur environnement. On dit que les pierres sont synonymes de stabilité, de longévité et d’équilibre. C’est en exploitant ce sens qu’elles sont utilisées dans les jardins. Dans la mythologie japonaise, Ninigi, petit fils de la déesse Amaterasu demande la main à la fille du dieu de la montagne. Il s’entiche de sa plus jeune fille, kami des cerisiers, plutôt que de choisir la plus solide, kami de la pierre. Ainsi ses descendants, les hommes, seront comme le printemps, ils écloreront rapidement avant de s’éteindre plutôt que de vivre longtemps imperméable aux choses du monde. Au Japon, les rochers sont vénérés, on leur y attache des histoires antiques, et on définit leur territoire. Ces iwa-kura sont alors protégées par un shimenawa, ils ont quitté le monde profane pour faire parti intégrante du monde sacrée.
Iwa Kura
Les iwa kura désigne des sièges rocher, ce sont des pierres qui sont considérées comme siège des esprits. Pour marquer leur respect, les japonais entouraient ces pierres d’une corde, shimenawa, et ils procédaient à une purification du lieu en le nettoyant, puis plus tard en le recouvrant d’une couche de sable ou de gravier. L’aire ainsi constitué s’appelait kekkai, zone frontière, séparant le monde profane, de celui des kamis.
Tout d’abord, strictement lié à l’état naturel, les Iwa kura vont petit à petit bénéficié d’un travail humain visant à établir deux rochers côte à côte ou des cercles de pierre. Une des plus célèbres Iwakura en dehors d’un jardin sont les Meoto Iwa dans la préfecture de Mie.
Meoto Iwa, les rochers mariés
Meoto Iwa (夫婦岩), ou les rochers mariés, sont un couple de petits rochers situés dans la mer face à Ise dans la préfecture de Mie au Japon. Ils sont liés par un shimenawa et sont considérés comme sacrés et célébrer par les fidèles du sanctuaire Futami Okitama Jinja qui remplace la corde, de plusieurs tonnes, plusieurs fois par an lors d’une cérémonie. Un torii se trouve sur le rocher le plus large.
le rocher Gotobiki du temple Kamikura
source image JNTO.
Selon les croyances en Kumano, ce grand rocher, coincé sur le côté du mont Gongen, fût l’endroit où les trois principaux kami sont descendus sur terre. C’était le lieu du culte originel, avant que le temple Hayatama ne soit construit à proximité. Si vous voulez le voir il vous faudra monter 538 marches inégales pour l’atteindre, et trouver le petit sanctuaire, Kamikura-jinja, en son flan.
Sessho-seki
Sessho-seki (殺生石), les pierres tueuses, sont des pierres fameuses dans la Mythologie japonaise pour tuer quiconque entre en contact avec elles. Ces pierres ont été hantées par l’esprit de Tamamo-no-Mae, un esprit renard à 9 queues qui se cachait sous les traits d’une courtisane projetant de renverser l’empereur Toba. Elle est considérée comme une réincarnation de Daji, qui apparaît en Chine. Un astrologue de la cour Abe no Yasuchika découvre sa véritable Nature, et le mal dont souffre l’empereur. Elle doit s’enfuir. Dès années plus tard, elle sera vaincu par Kazusa-no-suke (上総介) and Miura-no-suke (三浦介) et hantera des pierres qui laisseront échapper un poison, et tueront instantanément quiconque s’en approche.
Il est dit que ces pierres seront exorcisés par le moine Gennō Shinshō au XIVe siècle qui permettra à l’esprit de la démone de reposer en paix.
La reconstitution des Sessho-seki se trouve dans la ville de Nasu, préfecture de Tochigi, et leur accès est protégé par 1000 statuettes de Jizo.
Le sanctuaire des trois rochers ou Mitsuishi jinja 三ツ石神社
le temple comporte trois grands rochers dans le sol entourés de chaînes qui symbolisent l’histoire de « l’empreinte de la main du démon laissée dans la roche », oni no tegata 鬼の手形 — issu d’une légende expliquant le nom de la préfecture d’Iwate (iwa « la roche » te « la main »).
Si l’on en croit la légende, il existait un démon rasetsu qui tourmentait et harcelait les populations locales. Alors, les gens prièrent pour obtenir la protection des divinités de Mitsu.ishi, et le démon fut instantanément enchaîné aux rochers et dut faire la promesse de ne plus jamais tourmenter les populations. Pour marquer sa promesse, le démon laissa l’empreinte de sa main sur l’un des rochers, donnant ainsi son nom à Iwate, qui signifie littéralement « main rocher ». De nos jours, on dit que l’empreinte de la main du démon est parfois visible après une averse. Le Mitsuishi jinja serait à l’origine de la Parade des 10 000 tambours réalisée au début du mois d’août. Les habitants y auraient dansé pour fêter l’emprisonnement du démon.
Île Engetsu
Situé sur la côte de Shirahama, dans la préfecture de Wakayama, cet îlot inhabité traversé par une arche, est célèbre pour être un des points de vue scénique du Japon. De son vrai nom Takashima [高嶋], l’île est communément appelée Engetsu [円月島] ou île de la pleine lune. Durant les équinoxes, le coucher de soleil peut-être aperçu passant à l’intérieur de l’arc. Il est interdit de l’approcher depuis 2009 date de la mise en garde par le gouvernement de l’effondrement possible de l’arche.
Noto Kongo・Hatago Iwa
A Ishikawa se trouve deux rochers, un petit et un grand, au milieu de la mer, reliés par un shimenawa. Sur le plus grand des deux rochers se trouve un petit sanctuaire.
Une légende raconte qu’autrefois le « dieu » du textile fut attaqué par des bandits. Il prit peur et jeta ses textiles à la mer, ces derniers se transformèrent en deux magnifiques rochers.
C’est qu’à l’époque d’Edo (1615-1868), la péninsule de Noto était l’un des endroits parmi les plus réputés pour la production de tissus de la plus haute qualité.
A suivre …
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