Le Tanuki apparaît comme un animal légendaire du folklore japonais. Son apparence a fait le tour du monde, et bien qu’il soit un yokai, très souvent dépeint comme vil, et violent, son image contemporaine l’a attendrit aux yeux de tous, faisant presque de lui un personnage mignon. Note : Le tanuki est le nom donné au chien-viverrin au Japon, par conséquent on parle de bake danuki pour parler du Yokai. (Bake signifiant “monstre”).
Tanuki (狸) : de son vrai nom, bake danuki (化け狸), est un yokai célèbre du folklore japonais et des contes du Japon ancien. Il change de forme à foison, il est traditionnellement perçu comme pervers et cruel, dans les traditions japonaises, alors que son image contemporaine l’a lissé comme un yokai sympathique et mignon. Il est représenté portant un chapeau, un ventre arrondi, et des testicules protubérantes. |
Les pouvoirs du Tanuki
Le Tanuki est surtout connu pour ses grands pouvoirs de métamorphoses, presque toujours utilisé dans les contes du Japon à des fins perfides. Il peut voler, et surtout planer en étendant ses protubérances testiculaires.
Représentation dans les contes.
Kachi Kachi Yama
Dans le conte très connu de Kachi Kachi Yama, le tanuki est aperçut comme un voleur et un meurtrier sadique. |
Il y a très longtemps de cela, vivait un vieux fermier au cœur tendre. Son épouse et lui s’étaient liés d’amitié avec une lapine qui vivait dans la montagne environnante et qu’ils avaient fini par considérer comme leur propre enfant, eux qui n’en avaient pas. Non loin de chez eux, vivait également un tanuki, qui détruisait constamment les champs du vieil homme et ceux des autres fermiers aux alentours. À bout de nerfs, le fermier décida de le capturer et il y parvint. Le lendemain, comme il devait se rendre en ville pour les affaires du ménage, le vieil homme laissa l’animal attaché, sous la surveillance de son épouse. Elle était en train de préparer des mochi et, attendrie par les suppliques incessantes du tanuki qui demandait pardon, elle décida de fermer les yeux sur les nombreux méfaits que l’animal avait commis jusqu’alors, et elle le libéra. Bien mal lui en prit, car une fois libre, il se déchaîna sur la pauvre femme à tel point qu’il la tua. Puis, usant de son pouvoir, il prit la forme de celle-ci, et attendit patiemment le retour du vieux fermier, en lui préparant une horrible soupe dans laquelle il avait jeté les restes de la vieille dame. Le soir venu, de retour de la ville, le vieil homme se mit à table avec joie, heureux de retrouver sa chère épouse après une longue journée. Et tandis qu’il mangeait, la vieille femme se transforma. Se montrant sous son véritable jour, le tanuki révéla au vieil homme ce qu’il venait de faire, et ricanant de satisfaction, il s’envola aussi loin et aussi vite qu’il le put. Dévasté par la terrible nouvelle, le vieil homme n’eut pas la force de poursuivre l’assassin. Pleurant le sort de sa chère femme, il procéda aux rites d’usages, puis l’enterra dans une tombe toute simple. La lapine qui passait par là, observa les couleurs du deuil. Elle s’approcha du vieil homme et pleura avec lui quelques instants en apprenant la mort de la vieille dame. Alors, le fermier lui raconta ce qui s’était passé. Bouleversée, la lapine jura de venger la mort de son épouse. Quelques jours passèrent, et la lapine décida de porter une jolie robe, puis elle attendit en s’allongeant sur l’herbe, à proximité de la maison. Sa ruse fonctionna : le tanuki ne tarda pas à montrer le bout de son museau. Lorsqu’il s’approcha, elle s’adressa à lui : « J’ai besoin de porter ces bûches dans la montagne, mais mes jambes me font souffrir. Seriez-vous assez aimable pour les porter à ma place ? ». Désireux de montrer sa force pour séduire la belle lapine, le tanuki décida de l’aider et il chargea les bûches sur son dos. La lapine se mit alors à frapper avec son silex sur le bois. Le tanuki, incapable de voir ce qui se passait derrière lui à cause du fardeau, s’exclama : « Mais, qu’est-ce qui produit ce bruit de frottement ? ». La lapine lui répondit : « C’est le son des oiseaux et celui de la montagne qui craquelle (kachikachi yama) ». Puis, la lapine réussit à mettre le feu aux bûches. Et de la même manière, le tanuki s’exclama : « Mais, qu’est-ce qui produit ce bruit de craquement ? ». Et la lapine de répéter : « C’est le son des oiseaux et celui de la montagne qui craquelle». Le feu finit par se propager et atteignit le dos du tanuki qui se mit à appeler à l’aide. Effrayé et brûlé, il lâcha ce qui restait de bois, se retourna et s’envola. Le jour suivant, sous un nouveau déguisement, la lapine prépara un baume à base de soja, auquel elle ajouta du piment rouge. Très vite, le tanuki revint sur place et la lapine l’apostropha : « Cette médecine est excellente pour calmer les brûlures, laissez-moi en appliquer un peu sur vos blessures, et vous irez tout de suite bien mieux ». Soulagé d’avoir trouvé du réconfort, il exigea aussitôt qu’elle lui applique le baume. Mais lorsque le piment toucha les zones brûlées, il se mit à hurler aussi fort qu’il le put et, fou de douleur, se jeta sur le sol. Après quelques temps, avant que ses brûlures du ne guérissent, le tanuki put de nouveau se remettre à rôder pour commettre des méfaits à sa guise. Mais la lapine décida de se cacher sous un nouveau déguisement – toujours plus séduisant – et elle lui fit une proposition : « Aimeriez-vous aller pêcher ? ». « Pêcher ? », répéta le tanuki, « Humm, cela me semble une bonne idée ! ». La lapine poursuivit : « Alors construisons deux bateaux. Comme je suis légère, je construirai un bateau avec un bois léger. Mais vous, qui êtes plus lourd, vous devriez construire un bateau avec de la boue épaisse ». Le tanuki, une nouvelle fois dupé, s’exécuta. Quand les bateaux furent achevés, ils les mirent à l’eau. Prenant la tête de l’expédition, la lapine s’aventura de plus en plus loin dans la rivière. Bientôt, le bateau du tanuki qui suivait, se mit prendre l’eau et commença à se délayer. « Ah ! Sauve-moi ! » criait-il en gémissant. Mais au lieu de cela, la lapine se rapprocha et frappa le bateau avec sa rame, et répliqua : « Que voici une bien juste revanche pour le meurtre de la vieille dame ! ». Impuissant, le diabolique tanuki disparut au fond de la rivière, et les gens de la vallée purent à nouveau vivre en paix. |
Bunbuku Chagama
Dans Bunbuku Chagama, un autre conte très célèbre au Japon, le tanuki demeure un être perfide qui n’hésite pas à duper les gens, mais ici il crée une véritable histoire d’amitié avec son sauveteur et devient digne de confiance. |
Un jour, alors que Jinbei revenait chez lui avec sa carriole pleine de babioles qu’il avait ramassées ou achetées durant toute la journée, il entendit du bruit, des voix tourmentées. Il s’approcha pour découvrir de jeunes garçons qui harcelaient une fille. « Oh ! Arrêtez les garçons d’être méchants avec elle » leur cria Jinbei. Les garçons s’enfuirent. Quand il se retourna pour parler à la fille, cette dernière avait soudainement disparu. « Étrange » se dit-il. « Où a-t-elle bien pu passer ? ». Il poursuivit sa route, et croisa peu après le grand prêtre d’un sanctuaire bouddhiste qui se situait sur une petite colline à proximité de la route. « Salut, Jinbei ! » lui lança-t-il. « Je cherche une théière. Si tu en trouve une belle, n’hésite pas à me le dire, je t’en offrirai un bon prix ». De retour chez lui, Jinbei se mit à ranger le bric-à-brac qu’il avait amassé, puis à le mettre en ordre. Il avait l’habitude d’acheter des objets inutiles qu’il ne vendrait jamais, et à cause de cela, sa maison était remplie d’objets superflus, et il restait très pauvre. Après les avoir observés pendant un moment, Jinbei découvrit une théière d’une qualité exceptionnelle qui se trouvait dans un coin de la pièce. « Hmm, quand est ce que j’ai eu cela ? » se demanda-t-il. Puis se rappelant la demande du prêtre, il prit la théière et la porta sur son dos jusqu’au temple. « Pffff … Qu’est-ce qu’elle est lourde ». ronchonnait-il tandis qu’il montait la colline menant au sanctuaire. C’est alors qu’il fut surpris d’entendre une voix dans son dos qui lui disait : « Tu t’approches ! Continue, ne te relâche pas ! » Se retournant, il s’aperçut qu’il n’y avait plus de théière. À la place, il y avait un tanuki en forme de théière. « Je suis la fille que tu as sauvée aujourd’hui. Laisse-moi t’aider en retour », lui indiqua le tanuki. La fille qu’il avait croisée plus tôt dans la journée était en fait un tanuki qui avait pris l’apparence d’une jeune fille. En effet, cet animal mystérieux avait le pouvoir étrange de se transformer. Jinbei arriva au temple et montra la théière au prêtre. «Que c’est beau» s’exclama-t-il, visiblement ravi. « Je serais enchanté de l’acheter » et ainsi, il acheta la théière en ignorant sa véritable forme. Et alors qu’il rentrait chez lui, le vendeur réalisa ce qui venait de se passer, et ce qu’il venait d’accepter : « J’ai fait quelque chose de terrible au prêtre, en omettant la nature réelle de la théière, et, pire encore, j’ai laissé ce brave tanuki dans une situation des plus inconfortables. Je me demande si le tanuki pourra supporter sa condition ». Au même moment, au temple, le prêtre, si heureux d’avoir une aussi belle théière voulut absolument s’en servir. Il plaça la théière sur le feu avec quelques branches d’infusion. Le tanuki essaya de toute sa volonté de rester immobile mais très vite il finit par craquer. « Aïe Aïe Aïe ! » Il sauta du feu, et se mit à courir dans tout le temple. Le prêtre était tellement choqué de voir ce tanuki qu’il tomba en arrière et se fit mal au dos : « J’ai été arnaqué ! » marmonna-t-il. Le tanuki retourna dans la maison de Jinbei aussi sec, alors qu’il était justement en train de penser à lui et à sa souffrance, le cœur emplit de remords. « Aïe ! Aïe ! Aïe ! Quelle expérience douloureuse ! » se plaignait le le tanuki en pleurs à l’adresse de Jinbei. Jinbei vit que ce dernier s’était brûlé. « C’est est de ma faute, pauvre tanuki ». Il commençait à passer de la crème sur les blessures du tanuki lorsque le prêtre arriva à son tour, l’air énervé : « Toi ! Comment oses-tu m’arnaquer ? Tu as intérêt à me rendre mon argent, et comme en plus, j’ai été blessé, c’est à toi de prendre en charge mon traitement ». Ainsi, le déjà pauvre Jinbei devait rendre plus d’argent au prêtre que celui qu’il avait reçu. Le tanuki s’excusa humblement alors qu’il était allongé. « Je suis tellement désolé, j’ai voulu te rendre une faveur et je n’ai fait que causer des problèmes. Tout est allé de travers. » mais Jinbei répondit : « Non, tout va bien, repose toi comme il faut, et quand tu iras mieux, ne t’inquiète pas pour l’argent, car j’ai une idée ». Grâce aux soins de Jinbei, il ne fallut pas longtemps au tanuki pour qu’il retrouve ses forces. Il demanda alors quelle était l’idée dont il avait parlé pour gagner de l’argent. « Oh ça ? Humm… alors, voilà. Je pensais que nous pourrions former un duo dans les rues. De mon côté, je jouerais du tambour et de la flute, pendant que toi, tu te transformerais en toute sorte d’objets. Qu’en penses-tu ? » Le tanuki était enchanté : « Faisons-le ! Mais d’abord nous devons nous entraîner ». Et ainsi, ils travaillèrent dur pour réussir leur numéro qu’ils présentèrent rapidement dans les rues de la ville. Petit à petit, la foule se massa autour d’eux, et jour après jour, leur popularité grandit. Ils étaient désormais célèbres, à tel point qu’ils furent invités par la cour de l’empereur lui-même. Ils devinrent riches et menèrent une vie heureuse ensemble. |
Le Tanuki Géant et les serpents blancs
Dans ce conte lié à l’histoire d’un temple de Tokyo, le Tanuki est une nouvelle fois perçue comme un vil égoïste. Ici, il rajoute une caractéristique puisqu’il est annonciateur de chaos, et montre qu’il est craint des autres animaux fantastiques du folklore japonais. |
En face de la grande porte du temple Yanaka Ten-o, se trouvait un barbier, Hokkoshi Junto, qui était passionné par les oiseaux. Juno gardait une grande variété d’oiseaux avec lui, des petits et des plus imposants, dans une cage accolée à sa demeure. Dernièrement, quand il s’approchait pour les nourrir au matin, il avait remarqué qu’ils disparaissaient un à un. Quelqu’un devait sans doute les voler, se dit-il en première pensée. Ainsi, il décida un soir de rester caché pour attraper le voleur et le forcer à lui rendre les oiseaux qui lui avaient été pris. Après une nuit à attendre, personne ne se présenta. Si ce n’était pas l’acte d’un homme, ceci était au moins l’acte d’un vil chat ou bien d’un chien enragé se dit-il. Il s’était décidé à tuer l’animal si d’aventure il arrivait à le capturer, et qu’il le trouvait en train de se servir de ses précieux oiseaux comme nourriture. Le cœur chargé, et remplit de ces pensées, Junto rentra chez lui et à se mit au lit. Il ne lui fallut pas longtemps pour s’endormir. Alors qu’il venait à l’instant de s’endormir, à quelques mètres de lui, à peine, se dressait, dans un kimono harmonieux, une élégante jeune fille d’à peine une vingtaine d’années. Elle s’adressa à Junto, qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. « Je suis le serpent blanc qui a vécu ici, dans la pagode à 5 étages du temple Yanaka Ten-O, et qui a protégé le district pendant plus de 100 ans. J’ai beaucoup de petits enfants qui vivent également dans le temple et qui protègent les gens. Mais récemment, un grand Tanuki est venu des montagnes Dokan, et a pris résidence dans le temple. Il s’est fait un festin de ma famille, de petits serpents blancs, et bientôt il viendra pour me dévorer également. Nous avons vécu en paix, en ce lieu, pendant plus de 100 ans, et notre peur de ce grand Tanuki est telle que nous n’avons pas de mot pour l’exprimer. Quand tous les bébés serpents seront devenus son repas, et qu’il en aura fini avec moi, il n’y aura plus de serpent blanc protecteur au temple Yanaka Ten-O. » « Ma famille n’est pas la seule en péril. Ce grand Tanuki s’est également régalé de ces oiseaux que tu gardes précieusement. Il s’est échappé sans avoir été vu ni même aperçut. Ainsi, je viens à toi, dans tes rêves, pour te faire prendre conscience de celui qui est ton ennemi. Nous sommes incapables de nous défendre sans l’aide des humains. Si tu ne me crois pas, va donc dans le cimetière du temple au matin et tu trouveras les preuves de l’existence de ce tueur d’oiseau. Je t’en supplie, dépêche-toi de nous débarrasser de ce Tanuki diabolique. » Après cette vision, Junto ouvrit les yeux. Il se trouvait dans sa chambre, seul, et bien que croyant que ce n’était qu’un rêve, son étrangeté, le poussa à mener l’enquête sur les dires de la jeune femme. Au matin, il se leva bien décidé à vérifier le cimetière du temple, et quel ne fût pas sa surprise lorsqu’il trouva devant ses yeux les preuves évidentes des méfaits du Tanuki. Les plumes et les os de ses magnifiques oiseaux étaient dispersés alentours. L’océan de doute qu’entourait ce rêve étrange n’était plus désormais une chimère. Il rassembla les hommes du coin, et tous partirent à la recherche du démoniaque Tanuki. Il ne fallut que peu de temps pour que ces derniers tombent sur le Tanuki, et il fut mise à mort sans plus de procès. Ainsi, les serpents blancs purent continuer à protéger le temple Yanaka Ten-O comme il le faisait depuis plus de 100 ans, et comme ils le font encore aujourd’hui, et les oiseaux de Junko purent vivre une vie de félicité auprès d’un protecteur aimant. |
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