La femme et la cloche de Miidera

Dans un ancien monastère de Miidera, il y avait une grande cloche en bronze. Elle sonnait chaque matin et soir, transmettant une note claire et riche, et sa surface brillait comme la surface d’une pierre précieuse. Elle était connue pour cela dans le Japon tout entier. Les prêtres ne permettaient à aucune femme de la faire sonner, parce qu’ils pensaient qu’une telle action polluerait et ferait oxyder le métal, et apporterait le malheur sur eux. Dans un Japon, très superstitieux, ce sentiment n’était pas pris à la légère.

la cloche de Miidera tirait par le moine Benkei, Hiroshige

Quand une femme de Kyoto, d’une beauté remarquable, entendit parler de la cloche, elle devint extrêmement curieuse et inquisitrice. Incapable de refreiner sa curiosité, elle dit :”J’irai là-bas, et je verrais la magnifique cloche de Miidera. Je ferais résonner une douce note, et grâce à sa surface brillante, plus grande et plus brillante qu’un millier de miroirs, je me maquillerais et recouvrerais mon visage de poudre blanche, et je me coifferai”.

Au final, cette irrévérente femme atteint le beffroi où se dressait la cloche, à une heure où la totalité du monastère était aspirée dans leurs devoirs sacrés. Elle regarda d’abord la brillance de cette dernière et y vit dans le reflet ses jolis yeux, ses pommettes saillantes, et son large sourire. Elle déploya alors ses mains et toucha sobrement le métal luisant, rêvant d’obtenir un miroir aussi luisant pour elle-même. Quand la cloche sentit les doigts de la dame sur son ossature, presqu’aussitôt le bronze se ternit, dans un nuage, et elle perdit aussitôt son exquise carapace.

La malédiction était donc vraie, et on entendit plus jamais parlé après cela de la magnifique cloche de Miidera, sinon dans les contes et les légendes du Japon.


  • Source: F. Hadland Davis, Myths and Legends of Japan (London: George G. Harrap and Company, 1917), pp. 141-42.

 

Ce conte nous ramène aux croyances du Japon ancien concernant l’impureté des femmes, qui n’avaient pas accès aux lieux sacrés du Shintoïsme. Elles n’eurent que très tard le droit d’escalader le mont Nantai près du lac Chuzenji, ou elles n’ont encore jamais foulé le sol de l’île d’Okinoshima.

 

Chaque semaine, un nouveau conte japonais est disponible sur le site du Japon. Retrouvez ces contes ici .
 

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