Le Jardin Zen

Le Jardin zen, appelé aussi « jardin sec », ou karenosansui, est l’image même du jardin purement japonais. Fondé sur les concepts de vide et de dépouillement, proche du bouddhisme Zen tel qu’il se développe dans le Japon du XVe siècle, il est une abstraction des choses de la Nature. Les traits dans le sable représentent la mer, pendant que d’autres objets recréent d’autres microcosmes sans pour autant les retranscrire pleinement. Un art impressionniste avant l’heure sous forme d’allégorie de la Nature qui continue d’émouvoir et de fasciner.

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Origine du jardin zen

Le style « sobre » apparaît au Japon au milieu du XVe siècle. Au moment où le monde se pourvoit dans la démonstration et l’exposition des formes élaborées tel la renaissance Européenne, le Japon se retire pour se redéfinir.

En la personnification du Japon, se cache en réalité le shogun Ashikaga Yoshimasa. Après la violente guerre civile du Onin, ce dernier se retire au profit de son fils. Las de la guerre, et fort d’un sens esthétique aiguisé, il va se retirer à Kyoto, dans le quartier de Higashiyama. Après la construction d’une maison reflet de ses goûts, il va consacrer le reste de sa vie à l’étude de l’esthétique.

Un goût pour la simplicité et la quiétude va se développer chez lui. Jusqu’à présent largement influencé par l’étranger, principalement la Chine, le Japon va se redéfinir dans le jardin du shogun à la retraite. 

Ici s’y retrouveront :

  • Ryuami, fondateur de l’Ikebana.
  • Zen’ami, paysagiste.
  • Noami et son petit-fils Soami, qui compilèrent le Kundaikansochoki, le livre des secrets de l’art chinois et l’art de la décoration.
  • Kan’ami et son fils Zeami, qui établissent la forme actuelle du théâtre No.
  • Sen no Rikyu, qui établira la cérémonie du thé et concevra le jardin de thé

En parallèle du développement du bouddhisme Zen, le jardin se redéfinit selon des critères fondamentalement japonais et apparaît finalement la création du premier jardin zen. 

Le développement du Zen permet le Yugen, passage à la sobriété. De l’aristocratie au Zen, qui va être formalisé par le concept esthétique dit Yohaku no bi – « beauté de l’extrême blancheur » – célébrant le dépouillement. L’idée du concept fait que l’esthétique est laissée en dehors de l’œuvre plutôt que dans celle-ci.

Développement du Zen, et de l’influence des temples zen.

Le Zen se développe au Japon à partir de 1191 au travers du moine Myoan Eisai qui fonde le premier temple zen : le Shofukuji à Fukuoka. Tradition philosophique et religieuse qu’il transmet après avoir étudié le bouddhisme Chan en Chine. Remontant à Bodhidarma, moine indien qui fonda le monastère Shaolin et qui importa le bouddhisme Mahayana en Chine qui développa une approche simplifiée du Chan. Le zen affirme que la souffrance est le résultat de notre attachement naïf à de faux idéaux, en particulier à l’idée du Moi. La véritable nature des choses est l’engi ( l’interdépendance ) : tout est parti du même réseau de l’être.
Au travers de la méditation il est possible d’atteindre le satori ( l’éveil spirituel ) caractérisé par le mushin, l’état dénué de pensée qui perçoit les choses tels qu’elles sont réellement. Son accès permet de développer une forme d' »hyperpraxie » et d’améliorer énormément les performances.
Le Zen demande de cultiver deux vertues : le chi ( sagesse ) et le jihi ( compassion pour tous les êtres sensibles ). Il existe deux écoles principales : l’école Soto, basé sur la méditation, et l’école Rinzai, basé sur la résolution des kôan, des sortes d’énigmes. 

L’époque Muromachi est profondément influencée par la dynastie des Song du sud, et de sa peinture. L’esthétique austère de la période de Kamakura, s’est développée grâce aux temples zen, aux seigneurs féodaux et aux riches marchands de Muromachi. Les temples zen, faisaient vivre les artistes, qui dans leur mur servaient en échange. Les jardins ainsi créés permettaient la méditation, et l’œuvre d’art du jardin était conçue à la manière d’une peinture pour être contemplé. Cependant, s’imaginer le jardin zen comme un espace de méditation serait une erreur, du fait, que le jour sa blancheur et la réflexion de la lumière  est trop forte pour être propice au Zazen ( la méditation Zen), et la nuit, sinon avec une lune pleine, on n’y distingue pas les formes. En revanche, son entretien précis, minutieux et quotidien qui demande aux moines patience et maîtrise est naturellement une bonne manière de s’occuper l’esprit, et d’ignorer les « futilités » du « monde éphémère ».

Kare San Sui.

Kare san sui [枯山水] désigne une figure abstraite de montagne et d’eau où l’eau serait absente. Après les jardins étang de Heian, inspiré des jardins Chinois et Coréens, bien que s’étant développé en indiquant des idées japonaises, le jardin sec, purement japonais, fait son apparition. 

Le jardin sec est un jardin de contemplation où l’on ne se promène pas. Ainsi, l’infini apparaît dans le petit.

Les premiers jardins zen

Le jardin zen correspond alors au goût des classes militaires au pouvoir. Il vise à condenser l’univers dans un espace restreint, lequel pouvait être entouré d’une clôture ou de végétation. Les éléments le composant étaient destinés à être observé longuement. Sur une couche de gravier, le râteau dessinait sur le sable de fines ridules parallèles ayant l’aspect du mouvement de l’eau, et ainsi se trouvèrent des pierres et des rochers de formes diverses donnant lieu à des jeux visuels.

Le jardin du Ryoanji – 1499

Le jardin du Ryoan ji à Kyoto est le premier jardin zen du Japon. Il est célèbre pour sa composition de sable blanc et de ses 15 pierres, et se célèbre comme l’incarnation du bouddhisme Zen. Qu’importe la position choisit, il est impossible de voir toutes les pierres qui le compose. Objet de méditation et de supposition, le jardin répond au bouddhisme Zen et à ses énigmes : les kôan. 

C’est à Soami que l’on attribue la création du jardin Zen du Ryoan Ji, terminé en 1520

Considéré comme la perfection du jardin Zen et célèbre pour ce dernier, le Ryoanji fondé en 1450 dispose également en contrebas d’un jolie jardin de contemplation

Jardin du Ginkaku ji

Le jardin zen du Ginkakuji est également attribué à Soami, au moins pour ce qui concerne son architecture. Moins connu que celui du Ryoanji, il est pourtant pour les puristes « un chef d’oeuvre inégalé de l’art du jardin ».

Fondé par Yoshimasa qui voulait conccurencer le pavillon d’or de son grand-père, le pavillon devait être recouvert d’une couche d’argent que la guerre d’Onin ne permit pas d’apporter.

jardin nord du Ryogen in – 1517

Sous temple du complexe bouddhiste Daitoku-ji situé dans l’arrondissement de Kita-ku de Kyoto au Japon. La construction du temple remonte à 1502. Le temple est entouré par cinq jardins zen, le plus grand ( ci-dessous) également attribué à Soami date de 1517.

Jardin sec du Ryogen in par randomwire

Le plus petit jardin zen, le Toketiko, s’y trouve. Il est aménagé par Nabeshima Gakusho en 1958.

Toketiko jardin zen

 

A Kyoto, le jardin du Daisen In dispose d’éléments en fond inspirés des réalisations chinoises et représentant des montagnes. Disposé sur les trois côtés du lieu, il est observable en tout point de la maison.

 

Note intéressante : le jardin de mousse du Saihô ji , créé par Muso Soseki, qu’il faut absolument visiter si vous vous rendez à Kyoto. Représentant le paradis occidental de la terre pure il dispose également d’un jardin zen karesansui plus haut sur la pente.

 

A Kyoto les jardin zen des temples Tofuku ji, Kennin Ji, Daitoku ji ainsi que celui du Konchin in sont également célèbres, bien que le jardin du Ryoan Ji est considéré comme la « perfection du jardin Zen« 

Au même moment que le développement du jardin zen, dit jardin sec, les Japonais inventeront le jardin de thé pour séparer le monde profane, du monde sacré de la cérémonie du thé. 

 

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