Les contes d’Ise

Les contes d’Ise sont un chef d’oeuvre classique et véritable de la littérature japonaise. Bien que considérer comme brut, il s’agit là d’une des premières anthologies historiques de poème dans un style romanesque. Les conte d’Ise rassemble 209 poèmes, des tanka en 5 vers de 31 syllabes : 5 – 7 – 5 – 7 – 7, entrecoupés de proses servant à créer les histoires, ou plutôt les anecdotes qui le parsème. 

Le Ise monogatari, de son nom japonais, a été écrit aux alentours de 951, avec pour personnage principal de ces poèmes, le petit-fils d’empereur, Ariwara no Narihira, mais il n’est pas une biographie. 

Peinture de Sumiyoshi Jokei illustrant le neuvième épisode du Ise monogatari, British Museum

Extrait un, les contes d’Ise.

Jadis un homme adressa ceci à une dame qu’il ne rencontrait que rarement :

Le temps de nos rencontres
Ne dure qu’un éclair
Me dis-je,
Mais votre cruauté
Me paraît longue

 


Les contes d’Ise regroupent ainsi de nombreuses histoires d’amour qui sont fait de prose explicative de la situation et de poèmes. Un chef d’œuvre encore aujourd’hui servit dans sa version française par la traduction de G. Renondeau.

Extrait 2, les contes d’Ise.

Jadis un homme vivait dans une campagne reculée. Disant qu’il avait un emploi à remplir à la cour, il se sépara à regret de sa femme et partit. Il fut 3 ans sans revenir. Sa femme l’attendait en soupirant, mais un autre homme lui faisait une cour pressante : « Je vous recevrai ce soir » lui promit-elle. Or, son époux rentra ce soir-là. Il frappa à la porte en lui demandant qu’on lui ouvre, mais sans lui ouvrir elle composa ce poème qu’elle lui fit remettre :

Trois années durant
D’avoir attendu
J’étais lasse.
Ce n’est que ce soir
Que je me suis fait un nouvel oreiller

Il répondit :

Ainsi qu’au cours
Des années qui ont fui
Comme la flèche
J’ai été pour toi,
Sois bonne pour lui

Et il se disposait à partir lorsque la femme dit :

Quoi
Qu’il en soit
Depuis toujours
Mon cœur sur vous
S’appuyait.

Cependant l’homme s’en retourna. La femme, désolée, se mit à sa poursuite, mais sans pouvoir le rejoindre. Elle s’étendit près d’une source ; sur un rocher voisin elle écrivit ceci avec le sang qu’elle fit jaillir de son doigt.

Sans partager mon amour,
Il s’est éloigné
Celui que je n’ai pu retenir.
Aussi, moi maintenant,
Je disparais.

Note. 

La littérature qui naît des contes d’Ise va donner à l’art littéraire et théâtral japonais par la suite de nombreuses histoires qui seront reprises, tout comme il inspirera pendant longtemps encore la peinture. En ce sens, le Ise monogatari est une oeuvre fondatrice, bien que littérairement parlant le dit du Genji ( le genji monogatari ) surpassera par son style, et son extrême subtilité, toute autre littérature de l’époque.

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Chaque semaine, un nouveau conte japonais est disponible sur le site du Japon. Retrouvez ces contes ici .
 

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