Kachi Kachi yama

Kachi Kachi Yama, est un conte japonais très connu au Japon.

Il y a très  longtemps de cela, vivait un vieux fermier au cœur tendre. Son épouse et lui s’étaient liés d’amitié avec une lapine qui vivait dans la montagne environnante et qu’ils avaient fini par considérer comme leur propre enfant, eux qui n’en avaient pas. Non loin de chez eux, vivait également un tanuki, qui détruisait constamment les champs du vieil homme et ceux des autres fermiers aux alentours. À bout de nerfs, le fermier décida de le capturer et il y parvint.

Le lendemain, comme il devait se rendre en ville pour les affaires du ménage, le vieil homme laissa l’animal attaché, sous la surveillance de son épouse. Elle était en train de préparer des mochi et, attendrie par les suppliques incessantes du tanuki qui demandait pardon, elle décida de fermer les yeux sur les nombreux méfaits que l’animal avait commis jusqu’alors, et elle le libéra. Bien mal lui en prit, car une fois libre, il se déchaîna sur la pauvre femme à tel point qu’il la tua. Puis, usant de son pouvoir, il prit la forme de celle-ci, et attendit patiemment le retour du vieux fermier, en lui préparant une horrible soupe dans laquelle il avait jeté les restes de la vieille dame.

Le soir venu, de retour de la ville, le vieil homme se mit à table avec joie, heureux de retrouver sa chère épouse après une longue journée. Et tandis qu’il mangeait, la vieille femme se transforma. Se montrant sous son véritable jour, le tanuki révéla au vieil homme ce qu’il venait de faire, et ricanant de satisfaction, il s’envola aussi loin et aussi vite qu’il le put.

Dévasté par la terrible nouvelle, le vieil homme n’eut pas la force de poursuivre l’assassin. Pleurant le sort de sa chère femme, il procéda aux rites d’usages, puis l’enterra dans une tombe toute simple. La lapine qui passait par là, observa les couleurs du deuil. Elle s’approcha du vieil homme et pleura avec lui quelques instants en apprenant la mort de la vieille dame. Alors, le fermier lui raconta ce qui s’était passé. Bouleversée, la lapine jura de venger la mort de son épouse.

Quelques jours passèrent, et la lapine décida de porter une jolie robe, puis elle attendit en s’allongeant sur l’herbe, à proximité de la maison. Sa ruse fonctionna : le tanuki ne tarda pas à montrer le bout de son museau. Lorsqu’il s’approcha, elle s’adressa à lui : « J’ai besoin de porter ces bûches dans la montagne, mais mes jambes me font souffrir. Seriez-vous assez aimable pour les porter à ma place ? ». Désireux de montrer sa force pour séduire la belle lapine, le tanuki décida de l’aider et il chargea les bûches sur son dos.

La lapine se mit alors à frapper avec son silex sur le bois. Le tanuki, incapable de voir ce qui se passait derrière lui à cause du fardeau, s’exclama : « Mais, qu’est-ce qui produit ce bruit de frottement ? ». La lapine lui répondit : « C’est le son des oiseaux et celui de la montagne qui craquelle  (kachikachi yama) ». Puis, la lapine réussit à mettre le feu aux bûches. Et de la même manière, le tanuki s’exclama : « Mais, qu’est-ce qui produit ce bruit de craquement ? ». Et la lapine de répéter : « C’est le son des oiseaux et celui de la montagne qui craquelle (kachikachi yama) ».

Le feu finit par se propager et atteignit le dos du tanuki qui se mit à appeler à l’aide. Effrayé et brûlé, il lâcha ce qui restait de bois, se retourna et s’envola.

Le jour suivant, sous un nouveau déguisement, la lapine prépara un baume à base de soja, auquel elle ajouta du piment rouge. Très vite, le tanuki revint sur place et la lapine l’apostropha : « Cette médecine est excellente pour calmer les brûlures, laissez-moi en appliquer un peu sur vos blessures, et vous irez tout de suite bien mieux ». Soulagé d’avoir trouvé du réconfort, il exigea aussitôt qu’elle lui applique le baume. Mais lorsque le piment toucha les zones brûlées, il se mit à hurler aussi fort qu’il le put et, fou de douleur, se jeta sur le sol.

Après quelques temps, avant que ses brûlures du ne guérissent, le tanuki put de nouveau se remettre à rôder pour commettre des méfaits à sa guise. Mais la lapine décida de se cacher sous un nouveau déguisement – toujours plus séduisant – et elle lui fit une proposition : « Aimeriez-vous aller pêcher ? ». « Pêcher ? », répéta le tanuki, « Humm, cela me semble une bonne idée ! ». La lapine poursuivit : « Alors construisons deux bateaux. Comme je suis légère, je construirai un bateau avec un bois léger. Mais vous, qui êtes plus lourd, vous devriez construire un bateau avec de la boue épaisse ». Le tanuki, une nouvelle fois dupé, s’exécuta.

Kachi Kachi Yama, conte Japonais
Kachi Kachi Yama par Kuniyoshi.

Quand les bateaux furent achevés, ils les mirent à l’eau. Prenant la tête de l’expédition, la lapine s’aventura de plus en plus loin dans la rivière. Bientôt, le bateau du tanuki qui suivait, se mit prendre l’eau et commença à se délayer. « Ah ! Sauve-moi ! » criait-il en gémissant. Mais au lieu de cela, la lapine se rapprocha et frappa le bateau avec sa rame, et répliqua : « Que voici une bien juste revanche pour le meurtre de la vieille dame ! ».

Impuissant, le diabolique tanuki disparut au fond de la rivière, et les gens de la vallée purent à nouveau vivre en paix.  

 

Source : http://japanfolklore.blogspot.com/2008/08/kachikachi-yama.html

Version illustré : https://www.vinzschwarzbauer.com/KACHIKACHI-YAMA

 

Chaque semaine, un nouveau conte japonais est disponible sur le site du Japon. Retrouvez ces contes ici .
 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette publication a un commentaire