La peinture Zen, le zenga

A partir du XVIIe siècle, la peinture Zen va se développer au Japon. Il ne s’agira alors non de réalisation servant la nature de l’artiste, ou de commande attribuée à un mécène mais plus simplement d’un exercice de méditation.

La peinture zen

Les modèles vont souvent être des Chinso, portrait des maîtres zen du passé, qui incarnaient aux yeux des moines des modèles exemplaires, et parfois même l’objet de vénération.

Il semblerait que le bouddhisme zen qui avait retiré l’idolâtrie de sa pratique préférait se référer à des koan – dilemme, et que c’est l’explication de ces derniers qui va faire que, dans un premier temps, les moines préféreront travailler sur des portraits réels.

l’Esprit et la main ne faisant qu’un

Vu comme un principe spirituel, le zenga recommande à ce que l’esprit et la main ne fassent qu’un lors de son exécution.

De la naissance du Zen

Le Zen se développe au Japon à partir de 1191 au travers du moine Myoan Eisai qui fonde le premier temple zen : le Shofukuji à Fukuoka. Tradition philosophique et religieuse qu’il transmet après avoir étudié le bouddhisme Chan en Chine. Remontant à Bodhidarma, moine indien qui fonda le monastère Shaolin et qui importa le bouddhisme Mahayana en Chine qui développa une approche simplifiée du Chan. Le zen affirme que la souffrance est le résultat de notre attachement naïf à de faux idéaux, en particulier à l’idée du Moi. La véritable nature des choses est l’engi ( l’interdépendance ) : tout est parti du même réseau de l’être.
Au travers de la méditation il est possible d’atteindre le satori ( l’éveil spirituel ) caractérisé par le mushin, l’état dénué de pensée qui perçoit les choses tels qu’elles sont réellement. Son accès permet de développer une forme d' »hyperpraxie » et d’améliorer énormément les performances.
Le Zen demande de cultiver deux vertus : le chi ( sagesse ) et le jihi ( compassion pour tous les êtres sensibles ). Il existe deux écoles principales : l’école Soto, basé sur la méditation, et l’école Rinzai, basé sur la résolution des « kôan », des sortes d’énigmes. 

 

 

Zenga,la peinture Zen.

On va nommer le support que les moines utilisent pour calligraphier afin de les aider à méditer, le Zen Ga [禅画], « image zen ». Exécutées essentiellement avec de l’encre monochrome, ces calligraphies ne visent à satisfaire aucune demande extérieure, et dénué d’intérêt artistique, mais il constitue uniquement un exercice spirituel pour les moines qui s’y adonnent. 

Peintures Zen célèbre.

Sengai Gibon

Torei Enki « cercle » XVIIIe siècle.

Hakuin Ekaku, « aveugles traversant un pont ».

Ce qui fait l’exception de la peinture zen, c’est sa naissance purement japonaise. Jusqu’à cette dernière, bien que talentueux dans l’appropriation des arts, les Japonais reprenaient les méthodes traditionnelles chinoises et n’avaient pas encore d’art purement japonais.

Avant d’arriver à la peinture zen, les Japonais avaient suivi les méthodes chinoises du Suibokuga [peinture à l’eau et à l’encre] et en étaient devenu des spécialistes.

La peinture à l’encre et à l’eau, le suibokuga.

A partir de la période de Kamakura, XIIe siècle, la technique de lavis à l’encre de Chine va se développer dans la peinture japonaise. La technique du Suibokuga [ peinture à l’eau et à l’encre] entretien des liens étroits avec le bouddhisme zen, alors en pleine expansion.

Kaô, va partir s’initier en Chine au bouddhisme chan, aux alentours de 1317. Il va s’intéresser au traitement des paysages dans la peinture chinoise et à son retour, chose oubliée jusqu’alors, dans le temple tofuku ji il va organiser des rassemblements de peintres. La technique se diffuse alors. 

Il permet alors à d’autres artistes, dont Josetsu, peintre officiel au shôkôkuji. Ce dernier opère un tournant déterminant dans l’art du suibokuga. Grâce à sa prise de conscience des détails du paysage il permet aux personnages de s’insérer dans ses décors. On nommera sa technique de peinture : Hyônen.

Peinture célèbre de Josetsu. 

Ces deux précurseurs vont permettre au maître absolu du genre au Japon de naître. Sesshû [1420 – 1506]

J’ai vu tant de fois les peintures de Josetsu et de shûbun, j’ai apprécié de plus en plus la qualité de leur esprit et de leur connaissance, et suivant leurs traces, j’ai dessiné sans repentir » – Sesshû

Formé au Shokoku ji, Sesshû se retira dans la province de Yamaguchi où il profita du soutien d’un important seigneur local qui commerçait avec la Chine. Il y envoya le peintre un an. Puis de retour, ce dernier s’installa dans le Kyushu où il put pleinement s’exprimer profitant des maîtres japonais et chinois dont il avait tant appris.

Fleurs et oiseaux des 4 saisons, l’Automne , paravent par Sesshu

Hiver, paravent.

Paysage par Sesshu

Cette peinture a été connue au XVIIe siècle, quand elle fût copiée par Kanô Tan’yû. Elle disparaît encore des registres jusqu’à être retrouvé dans un magasin de vente de curiosité à Kyoto en 1906. Vendue pour 10.000 yens, elle fut par la suite achetée par Magosaburô Ôhara pour la somme de 160.000 yens. Elle appartient à la famille Ôhara encore aujourd’hui.

 

vers le jardin zen  
 

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