Le conte de la princesse Bambou est un classique des contes japonais. Il est souvent connu sous le nom du conte de Kaguya Hime, comme dans son adaptation Ghibli.
Il était une fois, un vieux coupeur de bambou et sa femme. Ils étaient des gens humbles, modestes, avec un grand cœur, et bien qu’ils n’étaient pas très riche, ils avaient tout ce qu’ils désiraient à l’exception d’un enfant. Un jour, alors qu’il rentrait de sa journée de coupe, il aperçut au loin une pousse de bambou qui scintillait alors même que la pénombre s’installait dans la forêt. Intrigué, il s’approcha, et ouvrant le morceau de bois, apparut une radiante petite fille de la taille d’une fée, et d’une beauté enchanteresse. Il décida de la ramener à la maison, et avec sa femme devinrent ses parents adoptifs.
Les années passèrent et la jeune fille devenait la plus douce, et la plus belle des jeunes filles de tout le Japon. Et quand il fut temps de lui donner un nom, ses parents l’appelèrent la « princesse bambou », parce qu’elle était née dans un bambou et qu’elle était plus belle qu’une princesse, que l’on appelait Kaguya. Le mot de son existence se répandit dans tout le pays, et ainsi, cinq prétendants, tous princes, se présentèrent dans le lieu isolé où elle vivait pour demander sa main. Le seul problème était que : la princesse bambou ne voulait pas se marier.
Elle désirait rester seule, avoir une vie simple dans les bois avec ses parents. Ainsi, elle vint avec un plan brillant pour repousser ses prétendants, en demandant des objets déraisonnables afin que personne ne puisse obtenir sa main.
Au premier prince, il lui fut demandé de ramener le bol de pierre du grand Bouddha d’Inde. Il échoua.
Au second prince, il lui fut proposé de ramener une branche de l’arbre au joyau sur la montagne flottante de Horai. Il échoua de même.
Le troisième prince devait lui faire une robe à partir de la peau du légendaire rat de feu.
Quand, au quatrième prince son devoir était de ramener le coquillage magique que des hirondelles cachent dans leur nid.
Ces deux derniers échouèrent, également, ce qui nous ramène au cinquième prétendant, un noble prince, à qui il fût demandé de ramener le grand joyau qui est autour du cou du roi dragon Ryun-ji et son périple ressemble à celui des précédents prétendants prêt à tout pour le cœur de la princesse Kaguya.
Le noble prince, prétendant au cœur de la princesse Kaguya.Le Noble prince était celui qui allait ramener le joyau du dragon et qui allait épouser la princesse Bambou. C’était une évidence pour lui qui était aussi fanfaron qu’il n’était lâche. Il avait réellement l’intention de ramener le joyau mais il n’avait pas celle d’aller le chercher lui-même ! Il appela l’ensemble de ses serviteurs et de ses soldats et leur expliqua son objectif. Il leur donna l’argent nécessaire pour leurs besoins et leur demanda de partir sur-le-champ et de ne pas revenir avant d’avoir accompli leur mission. Les hommes prirent l’argent, et s’en allèrent mais ne trouvèrent pas le joyau du dragon. Pourquoi d’ailleurs devraient-ils encore s’en soucier ? En réalité, ils ne croyaient pas qu’une telle pierre existait et que même si c’était le cas, ils ne pensaient pas que le vieux dragon était du genre à laisser son précieux lui être volé facilement. L’argent qu’ils avaient obtenu comme défraiement était largement suffisant pour démarrer une nouvelle vie. Ce qu’ils firent sans même avoir eu besoin de se consulter. Pendant ce temps-là, sûr de son fait, le Noble prince faisait construire un palais pour la princesse. Il ne se doutait pas un seul instant qu’il pouvait échouer, et par conséquent, il se préparait à la recevoir. Il n’y a jamais eu de lieu aussi beau dans l’ensemble du pays auparavant. Tous les bois furent laqués, sculptés, ou agrémentés de pierres précieuses et de feuilles d’or. Les murs étaient recouverts de soie peinte par les meilleurs artistes du monde connu. Un chef-d’œuvre architectural. Le château ainsi finit, il n’avait plus qu’à attendre le retour de ses hommes avec la fameuse pierre. Il attendit, il attendit, et il attendit encore. Une année entière s’était écoulée. Finalement, énervé, il se décida à y aller lui-même. Il appela le reste de ses serviteurs, ceux qui n’étaient pas partis et qui lui restaient loyaux, pour lui faire préparer un bateau. Ces derniers étaient effrayés lorsqu’ils comprirent les intentions du prince. « Lâches ! » cria le Noble prince. « Lâches ! Regardez-moi. Apprenez à être brave comme je le suis. Pensez-vous que je puisse avoir peur d’un quelconque dragon ? » Ainsi, ils prirent la mer, et tout allait pour le mieux l’espace de trois jours. « Ne voyez-vous pas que le dragon a peur de moi ? » fanfaronna le prince. Et ce même soir, une tempête éclata. Le bateau fut frappé de plein fouet, valdinguant dans la violence des vagues qui se jetaient sur le pont. La pluie paraissait tel un torrent venu des nuages pendant que le tonnerre grondait de tout son souffle et que les éclairs offraient de précieux, mais terrifiants, instants de lumière. Le « courageux » Noble prince était sûr que le bateau allait couler. Si ce n’était pas cette destruction, alors les éclairs le tueront. Il était persuadé dans les deux cas d’y laisser sa vie. Il se replia dans les cales du navire, malade de la mer qu’il était. Il supplia le pilote et les autres hommes, qui l’accompagnaient, de lui sauver la vie. Il les harangua par la suite « Pourquoi donc m’avez-vous mené ici ? Voulez-vous me voir mort ? Est-ce là toute l’affection que vous avez pour votre prince ? Sortez-moi de là tout de suite, ou je devrais vous tuer d’une flèche avec mon large arc. » Les hommes eurent du mal à retenir leur rire parce qu’évidemment ce n’était que de sa propre faute s’ils avaient dû prendre la mer. Et surtout pour ce qui était de se faire tirer dessus comme ils savaient que le prince était incapable de tirer un flèche, et encore moins de bander un arc. Le pilote répondit : « Mon prince, cela doit être le dragon qui a envoyé la tempête. Il a probablement entendu ce que vous avez dit à son propos et que vous alliez le tuer et lui voler son joyau. Vous devriez peut-être lui promettre que vous ne le blesserez pas et ainsi, fera-t-il preuve de mansuétude et nous laissera la vie sauve. » Le Prince promis aussitôt qu’il abandonnerait sa quête si la tempête se calmait et qu’il ne toucherait jamais au dragon, pas même à un poil. Après un instant, coïncidence ou lien, la tempête cessa, et ainsi les éclairs, et ainsi les vagues. Le Noble prince était cependant encore trop malade pour comprendre ce qui venait de se passer jusqu’à ce que finalement il pose un pied sur terre. Il se posa contre un arbre et il promit solennellement que maintenant qu’il avait quelque chose de solide sous ses pieds il ne bougerait plus, même pas pour 100 princesses. Ainsi il passa le reste de sa vie sur cette île lointaine. Le merveilleux palais qu’il avait été construit pour la princesse bambou devint celui des chauves-souris et des hiboux. |
La fumée du Mont Fuji
Les années passèrent et la princesse prenait toujours soin de ses vieux parents. Ils commençaient à devenir vraiment vieux.
Maintenant, ils comprenaient pourquoi elle avait demandé aux 5 princes d’accomplir des tâches impossibles. Elle souhaitait vraiment rester auprès de ses parents, et elle savait que si elle refusait simplement de les épouser, ils auraient pu se mettre en colère et faire du mal à ces derniers.
Chaque jour, elle devenait plus belle et plus douce encore.
Lorsqu’elle eut 20 ans, ce qui était vieux pour une Japonaise à la maison, sa mère mourut, elle sembla alors devenir très triste. Chaque fois que la lune blanchissait la terre de sa douce lumière, elle partait faire un tour, toute seule, pour pleurer. Un jour, elle était au balcon, regardant la lune, et son son cœur semblait sur le point de se briser.
Son vieux père vient auprès d’elle et dit : « Ma fille, dis-moi ce qui te préoccupe. Je sais que tu as essayé de me le cacher pour m’éviter d’avoir à en souffrir également, mais il me tuerait de continuer à te voir si triste et de ne rien pouvoir faire pour t’aider. »
La princesse dit, « je pleure, très cher père, parce que je sais que très bientôt je dois m’en aller. Ma maison est sur la lune. J’ai été envoyé sur terre pour prendre soin de vous, mais maintenant, le temps est venu où je dois partir. Je n’ai pas envie de vous quitter, mais je dois. Quand la prochaine pleine lune viendra, alors ils enverront quelqu’un pour moi. »
Son père fut en effet meurtri de l’entendre mais il répondit : « Penses-tu que je laisserais quelqu’un venir et t’enlever ? J’irais chez l’empereur lui-même demander son aide. »
« Cela ne servirait à rien. Personne ne peut agir lorsque le temps sera venu. » Répondit-elle, visiblement résignée, et toujours aussi triste.
Malgré ses dires, son père s’en alla chez l’empereur pour lui conter toute l’histoire. L’empereur fut touché par l’affection de la jeune fille pour ses parents. Et il promit que lorsque le jour serait là, il enverrait une grande armée pour protéger la maison.
Le vieux coupeur de bambou rentra à la maison le baume au cœur, persuadé qu’avec un appui aussi puissant il parviendrait à garder sa fille près de lui mais lorsqu’il rentra pour lui annoncer la nouvelle, la princesse était plus triste que jamais.
La vieille lune disparaissait. Quelques nuits ne montraient que le bleu du paradis, et l’or des étoiles. Puis une petite menace argentée se pointa après le coucher du soleil. Chaque nuit nouvelle la lune s’élargissait, et sa lumière se faisait plus pressante. La tristesse de la princesse s’accrut encore davantage.
Se souvenant de sa promesse, les hommes de l’empereur par centaines campèrent à proximité de la maison et sur le toit de celle-ci, avec une telle garde, personne ne pouvait espérer rentrer.
La première nuit de pleine lune arriva. La princesse attendait sur son balcon que la lune monte dans le ciel. Lentement au-dessus des arbres sur la montagne, s’éleva l’astre d’argent. Chaque son se fit de plus en plus silencieux, à mesure que le verdict de la prophétie s’approchait.
La princesse s’approcha de son père, il était étendu comme s’il dormait. Lorsqu’elle s’approcha de lui, il ouvrit ses yeux. « Je vois maintenant pourquoi tu dois partir » dit-il. « C’est parce que j’y vais aussi. Merci, ma fille, pour toute la joie que tu nous as apporté ». Puis, il ferma les yeux, et laissa entendre son dernier soupir. Elle vit qu’il était mort.
La lune monta au plus haut du ciel, lorsque soudain, un pont de lumière apparut rejoignant le paradis et la terre. Glissant de ce chemin arrivèrent des troupes nombreuses de soldats dans des armures brillantes. Il n’y avait pourtant ni bruit, ni souffle de vent, mais ils étaient là. Les soldats de l’empereur restèrent debout, sans mouvement, comme s’ils avaient été changés en statue, et la princesse vint à la rencontre du leader de ces visiteurs.
« Je suis prête » dit-elle. Sans mot ajouté, il lui fit parvenir une petite coupe. Elle la but en silence. C’était l’eau de l’oubli. Sa vie sur terre disparut. Elle était une fois encore, une jeune fille de la lune et vivrait pour toujours.
Le leader posa gentiment un manteau de neige blanche sur ses épaules, et ses vieux habits terriens disparurent aussitôt.
S’élevant comme la brume qui s’élève au-dessus du lac, le cortège passa lentement sur le sommet du Mont Fuji, la montagne sacrée du Japon. Poursuivant sa route, au travers de la lumière de la pleine lune, ils arrivèrent sur la ville de lune, là où tout est paix et joie.
Les Hommes continuent à dire que lorsqu’un nuage de fumée se trouve au-dessus du cratère du Mont Fuji que ceci est un pont vers cette ville féerique loin dans le ciel.
NOTE
L’histoire est célèbre au Japon pour être un des premiers écrits, elle date en effet du Xe siècle. Source : world library / sacred text
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