Le tailleur de pierre est un conte japonais qui traite de la relation au désir.
Il était une fois un tailleur de pierre qui se rendait quotidiennement sur le flan d’une grande montagne et y dégageait les roches dont il se servait, ensuite, pour construire des tombes, ou des maisons. Il comprenait très bien quel type de pierre était idéal en fonction du type de construction demandé, et comme il était un travailleur assidu, il avait un grand nombre de clients qui lui faisait confiance. Depuis très longtemps il était heureux de sa vie et pleinement satisfait, et il ne désirait rien de plus que ce qu’il avait déjà.
On disait qu’il existait dans la montagne un esprit qui apparraissait ici et là aux hommes et qui les aidait de différentes manières à devenir riche et prospère. Le tailleur de pierre, cependant, n’avait jamais rencontré ce dernier, et quand on lui en parlait, il avançait d’un air dubitatif quand à son existence même, et expliquait qu’il ne l’avait jamais vu. Son scepticisme vint pourtant très vite à s’envoler.
Un jour, alors qu’il menait des pierres dans la maison d’un homme riche, il y vit toutes sortes de belles choses, dont il n’avait même pas rêvé. A partir de ce moment, son travail quotidien commença à lui paraître plus difficile et il se dit à lui-même :”Oh, si j’étais un homme riche, et que je pouvais dormir dans des draps de soie, et boire dans des tasses d’or, je serais le plus heureux !”.
C’est alors qu’une voix répondit :”Ton souhait est entendu, un homme riche tu seras“.
Au son de cette voix, le tailleur de pierre regarda autour de lui mais il ne pût apercevoir quiconque. Il pensa que cela était seulement le fruit de son imagination, et ramassa ses outils pour rentrer chez lui comme il ne se sentait plus de travailler ce jour-là. C’est à son arrivée dans sa petite maison qu’il fut subjugué par ce qui venait de se passer. Sa petite hutte n’était plus, en échange un palace splendide, emplit de meubles rares, et plus agréable encore, le lit qui ressemblait trait pour trait à celui dont il avait rêvé. Il était heureux de l’évènement et ne tarda pas à oublier sa vie précédente, toute faite de labeur.
C’était le début de l’été, et chaque jour qui passait le soleil se faisait plus féroce de ses rayons. Un matin, la chaleur fut si grande que le petit tailleur de pierre avait même du mal à respirer, si bien qu’il se décida à rester à la maison toute la journée. Comme sa vie ne le lui permettait pas jusqu’à présent, il se rendait juste compte qu’il ne savait absolument pas comment s’occuper. Il regardait simplement la rue au travers de l’ouverture des rideaux, lorsqu’un convoi traversa la ville. Une petite chariotte portait par des servants vêtus de bleu et d’argent. A l’intérieur, un prince et au dessus de sa tête, un parapluie d’or le protégeant des rayons du soleil.
“Si seulement j’étais un prince !” s’exclama le tailleur de pierre à lui même. “Si seulement j’étais un prince, et que je pouvais me déplacer de la sorte, et avoir un parapluie d’or pour me protéger que l’on tiendrait pour moi, combien je serais heureux !”
Et prince, il fut. Devançant sa carriole, une troupe d’hommes à son service, et derrière lui, la même chose, vêtus d’or, ses servants le portait fièrement et parmi eux certains furent dévolus à la charge du plus imposant des parapluies d’or, le protégeant des rayons du soleil. Il était satisfait d’être et d’avoir exactement ce qu’il avait souhaité mais ce ne fut que pour un bref moment. Car en observant autour de lui, il se rendit compte qu’en dépis de l’eau qu’il avait disposé dans son jardin celle-ci continuait à s’évaporer et que malgré son parapluie d’or sa peau continuait à noircir, encore et encore, il se complaint dans sa colère :”Le soleil est plus puissant que je le suis, Oh, si seulement j’étais le soleil”.
Et l’esprit de la montagne répondit:”Ton souhait est entendu, le soleil tu seras”.
Et il fut soleil, et devint fier de son incroyable pouvoir. Il envoyait ses rayons dessus et dessous, sur la terre et dans le paradis; il brulait les pelouses dans les champs, et noircissait les visages des princes comme des indigents. Mais en très peu de temps il devint las de sa toute puissance, si bien qu’il pensait qu’il n’y avait plus rien pour lui. Il en était insatisfait et ne savait quel requête prononçait lorsqu’arrogant, un nuage vint lui couvrir le visage et cachait la Terre devant ses yeux éberlués. Il entra alors en colère :”Pourquoi donc le nuage garde captif mes rayons ? Est-il plus puissant que je le suis moi-même ? Oh, si seulement j’étais le nuage, je serais plus puissant que tous!”
Et l’esprit de la montagne répondit:”Ton souhait est entendu, un nuage tu seras”.
Et nuage il fut, disposé entre le soleil et la terre. Il attrapa les rayons du soleil et parvint à les garder captifs, et de son effort, la terre devint verte à nouveau, et les fleurs purent éclore. Mais ce n’était pas assez pour lui, et jour après jour, semaine après semaine, il poursuivait sa position en offrant des pluies si torentielles jusqu’à ce que les rivières débordent, et les champs de riz s’innondèrent. Des villes et des villages furent détruit par la force de sa pluie, seul cette grande montagne demeurait, au loin, sans même être distraite de sa furie. Le nuage était impressionnait par cette vue, et déclara :”Est ce que la pierre et plus puissante que moi ? Oh, si seulement j’étais cette montagne”.
Et l’esprit de la montagne répondit:”Ton souhait est entendu, Montagne tu seras”.
Et montagne il fut, et il se glorifia de son pouvoir. Fièrement il se dressait, et ni les rayons du soleil, ni la force du vent, ni les pluies ne purent l’en bouger.”Ceci est mieux que tout!” il dit à lui même. Mais un jour, à son pied, il entendu un bruit étrange, il regarda de haut et de loin pour savoir ce que c’était et il vit un tailleur de pierre utilisant ses outils à sa surface. Pendant qu’il regardait, il ressentait un terrible tremblement à l’intérieur de sa chair de pierre, et un grand bloc de pierre se décrocha de lui et tomba sur le sol. Il pleura dans une complainte :” Est ce que l’enfant de la terre est plus puissant qu’une montagne ? Oh si seulement j’étais un homme!”
Et l’esprit de la montagne répondit:”Ton souhait est entendu, Une nouvelle fois, Homme tu seras”.
Et homme il fut, et à la sueur de son front il reprit la route de son métier de tailleur de pierre. Son lit était dur, et sa nourriture peu savoureuse, mais il a appris à être satisfait de ce qu’il avait, et ne désirait plus être quelqu’un ou quelque chose d’autre. Et comme il ne demanda plus jamais d’obtenir ce qu’il n’avait pas, et qu’il ne désirait plus être plus grand ou plus puissant que les autres, il n’entendit plus jamais la voix de l’esprit de la montagne et demeura heureux et satisfait de sa vie.
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